En France, de très nombreux foyers ont délaissé la chaudière au fioul ou au gaz, pour se tourner vers le poêle à granulés de bois. La volonté de s’affranchir des énergies fossiles, et en particulier du gaz et du pétrole dont la Russie est un des exportateurs, a conduit la politique énergétique de l’État dans le sens d’une transition vers un chauffage plus propre et plus économique. Les aides financières accordées par l’État ont grandement encouragé l’acquisition des poêles à bois. Cependant, cet engouement est tempéré depuis 2021 par une envolée du prix du pellet, ce granulé de bois utilisé comme combustible dans ce type de poêle.

Une convergence de facteurs

Au-delà de son intérêt écologique, ce mode de chauffage à l’énergie renouvelable s’avère le plus économique du marché. Le pellet, granulé cylindrique de bois compressé issu de résidus de sciure de bois, est un matériau au rendement supérieur à celui de la bûche. Il a pourtant fallu déchanter lorsque, à partir de 2021, le prix d’achat de ce combustible a entamé une hausse spectaculaire. Le prix à la tonne a ainsi plus que doublé en une seule année, dépassant les 600 euros à l’été 2022, contre 300 euros l’année précédente. Diverses circonstances se combinent pour aboutir à cette hausse.

Crise sanitaire et conflit ukrainien

La pandémie de Covid-19 a entraîné une diminution notable des matières premières, dont les effets se font sentir depuis le début de l’année 2021. Inflation et crise énergétique se sont invitées dans l’économie du pays. Depuis l’hiver 2022, la guerre en Ukraine a considérablement accentué la tendance. Les entreprises chargées de transformer le bois en pellets en ont souffert comme beaucoup d’autres. Le prix du bois lui-même a connu une augmentation sensible, mais la pénurie s’est répercutée sur d’autres matières telles que le plastique, nécessaire à la fabrication des sacs utilisés pour le conditionnement des pellets.

À ce phénomène s’est ajouté celui de l’augmentation du prix de l’énergie, en particulier celui du gaz et de l’électricité. Or, le procédé même de la fabrication des pellets fait abondamment appel à ces énergies. L’électricité dont ont besoin les scieries pour fonctionner se répercute bien sûr sur le coût de production des pellets. Le séchage des granulés se traduit par une forte consommation de gaz. N’oublions pas le coût de l’acheminement des matières premières et des produits finis, également impacté en raison de la hausse des prix du carburant.

Une très forte demande

Les incertitudes liées à la guerre russo-ukrainienne ont engendré la crainte d’une pénurie, qui a poussé nombre de familles à acheter une importante quantité de pellets pour un stockage en prévision de l’hiver. Cette soudaine demande a causé un amenuisement des stocks, ayant pour effet naturel la hausse du prix. En France, les vendeurs doivent donc s’approvisionner dans les pays étrangers, également touchés par la pénurie et l’augmentation des prix d’énergies, ce qui contribue encore davantage à faire monter le prix du sac de pellets.

Une aubaine pour certains

D’aucuns tirent parti de ce contexte, ce qui accentue encore la tension sur le marché. Certains fournisseurs spéculent sur le prix de la matière première et vendent leur bois à l’entreprise dont l’offre est la plus élevée. Les coûts de production des pellets sont donc gonflés en conséquence. La situation attire bien entendu les fraudeurs, qui écoulent des sacs de granulés sous un nom de société usurpé.

Un retour à la normale ?

C’est donc une conjonction de facteurs économiques et historiques, aggravée par la réaction des consommateurs, qui explique cette hausse du prix des granulés. La crise de la filière, selon la Propellet, l’association nationale du chauffage au granulé, ne présage toutefois en rien de l’avenir. De fait, la tendance s’est inversée en 2023 et devrait se poursuivre, même si le prix du sac de granulés ne retrouvera sans doute pas son niveau de 2021.

En attendant, parmi les idées d’économie figure celle qui consiste à acheter ses pellets en vrac, de façon à retrancher le prix des sacs d’emballage, ou encore l’achat groupé à la tonne pour diviser le prix du transport. Gardons à l’esprit qu’en dépit de ces circonstances, le chauffage de la maison aux granulés de bois demeure bel et bien le plus économique !